Financement des Partis Politiques: Antonio Chéramy et Jerry Tardieu tournent le dos à VERITE

Financement des Partis Politiques: Antonio Chéramy et Jerry Tardieu tournent le dos à VERITE

Avec 18 députés, 3 sénateurs, 17 cartels municipaux et plus de 500 CASEC, ASEC et délégués de ville élus, la plateforme politique VERITE est la deuxième plus importante structure politique du pays après le PHTK. Cette organisation politique fondée par l’ancien président René Préval a donc droit à un financement public de 13 487 499 gourdes. Une subvention qui divise la plateforme. La bande à Joanas Gué serait pour le financement alors que le coordonnateur général de la plateforme VERITE, Génard Joseph, et d’autres membres influents de l’organisation politique sont contre.

Pour exprimer leur position contre ce financement et « l’allégeance de VERITE » au gouvernement, le sénateur Antonio Chéramy et le député Jerry Tardieu, deux élus de VERITE, décident de démissionner.

« Je suis obligé de démissionner de VERITE parce qu’il décide de marcher dans la logique du PHTK », confirme au Nouvelliste le sénateur Antonio Chéramy. Selon lui, avec ce financement, le président Jovenel Moïse cherche à neutraliser tous les partis politiques. « Je ne peux pas faire partir d’une structure politique vassalisée par l’exécutif », a-t-il dénoncé. De ce fait, il décide de prendre ses distances par rapport à VERITE.

Pour le sénateur Chéramy, farouche opposant au régime Tèt kale, la façon dont le pouvoir finance les partis politiques constitue une menace pour la démocratie.

Pour sa part, le député Jerry Tardieu a fait savoir que cela fait des années qu’il sensibilise l’opinion publique à l’importance de doter les partis politiques haïtiens des moyens pour qu’ils soient les véritables piliers de la démocratie. « Cependant j’ai toujours insisté sur l’importance que le support aux partis politiques se fasse dans le cadre d’un projet global devant favoriser l’émergence et l’organisation des forces politiques en quatre ou cinq grandes tendances, ceci pour nous éviter le spectacle que nous infligent régulièrement nos joutes électorales avec une kyrielle de candidats tant aux législatives, aux municipales qu’aux présidentielles », a-t-il expliqué au Nouvelliste.

Selon le député Tardieu, cette décision gouvernementale semble avoir été prise à la hâte sans que des garde-fous nécessaires aient été adoptés pour éviter que ces fonds aillent remplir les poches de quelques dirigeants de partis et non financer la modernisation de ces structures politiques.

La décision de la plateforme VERITE d’accepter le financement vient s’ajouter à un ensemble d’autres actions, positions et positionnements politiques de la plateforme auxquels le député de Pétion-Ville ne souscrit pas. Pour rester fidèle à ses valeurs et ses convictions, le député indique au journal qu’il décide de démissionner comme membre de VERITE.

« Ma démission est également liée aux divergences profondes qui ont vu le jour entre les principaux forgerons de la plateforme VERITE et à l’ambiance “belliqueuse » qui prévaut actuellement au sein du mouvement. Cette ambiance n’est plus propice à la matérialisation de ce grand rêve qui semblait nous animer tous au départ : celui de la création d’une plateforme politique moderne, progressiste, avant-gardiste et patriotique toujours à l’écoute du peuple et de ses revendications légitimes », estime le parlementaire.

Génard Joseph, le coordonnateur national de la plateforme politique VERITE, la branche pro-Préval, est contre la façon dont le pouvoir en place a procédé pour financer les partis politiques. Pour lui, le gouvernement cherche à utiliser ce financement comme un poison pour déstabiliser les partis.

Même si VERITE est le deuxième plus grand bénéficiaire du financement public après le PHTK, le parti au pouvoir, Génard Joseph n’entend pas accepter les 13 487 499 gourdes de financement. Il a fait savoir au journal que la section juridique de VERITE va sommer les responsables de la Unibank et de la BRH qui détiennent les comptes de VERITE afin d’empêcher toute transaction sur ces comptes.

Génard Joseph accuse les frères Gué, Joanas et Jean, deux autres responsables influents de VERITE, de vouloir aller à l’encontre de la position des autres membres de la structure politique. Il a souligné que selon le statut de VERITE, le coordonnateur national, donc lui, est le seul personnage qui est habilité à prendre les décisions au nom de la plateforme avec l’approbation des autres membres de la coordination nationale.

« Joanas Gué n’a jamais été membre de la coordination nationale, a-t-il dit. Il a cependant participé à la formation de la plateforme parce qu’il voulait se présenter aux élections sous la bannière de l’organisation. Le président Préval avait fait de lui le porte-parole de VERITE », a rappelé Génard Joseph, qui dit détenir le NIF et l’autorisation spéciale sur les comptes en banque du parti.

Il a confirmé au Nouvelliste que d’autres responsables de la plateforme VERITE tels que René Monplaisir, Charles Sufra, Paul-Antoine Bien-Aimé et des élus de l’organisation ont décidé de démissionner comme expression de leur désaccord par rapport au financement de l’État.

Le Nouvelliste est entré en contact avec l’ancien ministre de l’Agriculture Joanas Gué qui, malheureusement, ne pouvait pas accorder d’interview à cause de l’état de sa santé. Il a promis de se positionner sur le dossier bientôt.

Il faut souligner que sur les quelque 18 députés et 3 sénateurs élus de la plateforme VERITE, seulement le sénateur Antonio Chéramy et le député Jerry Tardieu se sont positionnés publiquement contre le financement public et décidé d’abandonner l’organisation politique en signe de protestation.

Robenson Geffrard source le nouvelliste

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