Alors que certaines écoles ont déjà bouclé l’année académique 2021-2022, d’autres vont la boucler sous peu. Mais entre-temps, les responsables des écoles privées s’activent pour la nouvelle année. Au mépris de la loi sur les frais scolaires en vigueur, ces derniers continuent de faire des exigences aux parents en prélude à la nouvelle année scolaire. Des parents témoignent.

Si la loi sur les frais scolaires fait des obligations aux écoles de respecter certaines règles portant sur le paiement de la scolarité, des responsables d’écoles continuent de faire leurs affaires sans tenir compte des prescrits juridiques. Et pour preuve, des parents continuent de faire les frais.
C’est le cas de Catts Pressoir. Si ledit collège est reconnu pour la qualité de sa formation, il n’en demeure pas moins vrai que Catts Pressoir fonctionne dans un autre pays. Ainsi, pour la nouvelle année académique qui arrive, il réclame 55 mille gourdes aux parents qui n’ont rien à voir avec la scolarité pour la 9ème AF. Une somme ainsi repartie: 20 mille gourdes pour les frais de fonctionnement, 15 mille gourdes pour les frais d’entretien, 6500 goudres pour des activités manuelles, 11 mille gourdes pour des matériels individuels pour l’année, 500 gourdes assurances, 2 mille gourdes pour la plateforme pédagogique.
Mis à part cette faramineuse somme obligatoire, les parents doivent verser également une somme de 84 mille gourdes comme scolarité annuelle. Cette somme est payable selon les deux possibilités offertes par l’administration de l’Ecole.
Pour les frais d’entrée, les parents peuvent payer en deux versements de 27500 le 14 juillet et 27500 le 26 août au plus tard. Pour les paiements mensuels les parents ont le choix entre 3 versements de 28000 gourdes le 16 août, le 10 janvier 2023 et le dernier versement le 15 avril 2023, ou dix versements de 8400 gourdes entre le premier et le dix de chaque mois, selon les témoignages d’un parent.
La loi sur les frais scolaires votée au parlement en 2009 et publiée dans le journal le moniteur en 2017, sous la présidence de Jocelerme Privert stipule que :
« Le montant des frais annuels ne doit, en aucun cas, dépasser l’équivalent de deux mois de scolarité pour le préscolaire et trois mois de scolarité pour le fondamental et le secondaire». Alors que «les frais annuels doivent être payés comme suit : 50% à la rentrée des classes, 25% au début du second trimestre et 25% au début du troisième trimestre». ( Le Nouvelliste)
D’autres écoles privées prennent la même voie
Ce n’est plus un secret que les écoles continuent de faire du business avec les parents chaque année. C’est le cas surtout pour les écoles congréganistes.
» J’ai ma fille qui est en 6ème année fondamentale chez les soeurs de Delmas 19 (Mère Delia). Chaque année, les responsables augmentent la scolarité et ajoutent de nombreux autres frais. Pour la nouvelle année académique, les responsables continuent de faire leur travail sans se soucier des difficultés auxquelles font face les parents en raison de la situation économique difficile », explique un parent qui a deux fillettes dans cette école.
Et en plus de ça, il explique l’obligation qui est faite aux parents de s’approvisionner en matériels scolaires au niveau de la direction de l’établissement scolaire. « Et le pire vous n’avez le droit de rien revendiquer , c’est à prendre ou à laisser », évoque t-il.
La faiblesse des associations de parents
Deux associations travaillent en Haïti dans la lutte pour le respect des droits des écoliers. D’abord, l’UPEP, l’Union des Parents d’Élèves Progressistes avec à sa tête Léo Litholu. Lui et son équipe ont beau dénoncer et critiquer les mauvaises pratiques qui se font dans les écoles. Mais les critiques n’ont pas pu porter le ministère a sanctionné les écoles qui violent la loi sur les frais scolaires.
L’Association des parents d’élèves d’Haïti fraîchement portée sur les fonds baptismaux de son côté, bien qu’elle dénonce le fonctionnement des écoles du secteur privé de l’éducation mais comme pour l’UPEP n’a pas pu aider à redresser la barque laissant le champ libre aux responsables pour faire leur travail.
Le silence du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle
Les écoles haïtiennes devraient fonctionner sous le regard du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle. Mais il est un fait que ledit Ministère perd le contrôle de certaines d’entre-elles. Même les manuels de certaines écoles sont différents des autres. D’où le concept « l’école à plusieurs vitesse » contre laquelle de nombreux syndicalistes et professeurs haïtiens ont lutté vainement.
Les plaintes portées contre le Ministère en ce sens n’ont pas eu vraiment de suivi, a fait remarqué, un responsable de l’association des parents d’Haïti.
Depuis le procès contre l’Institut Colosso de Saint Marc, où un groupe de parents avait décidé de traduire en justice le responsable pour non respect de cette loi, aucun autre cas n’a été cité dans l’opinion alors que les responsables font voir toutes les couleurs aux parents. À quand la fin du calvaire des parents haïtiens? sauf le MENFP a la réponse.