C’est la réalité de l’heure. Passeport, élément le plus recherché durant les trois dernières semaines en Haïti et notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Si les demandes explosent, il y va du travail des agents de l’immigration qui se donnent 7 jours sur 7 pour répondre à une exigence pour laquelle l’État n’était pas prêt.

Certains des agents font part de leur sentiment et leur nouvelle vie depuis le lancement du programme Biden accordant la possibilité à des gens vivants aux États-Unis de faciliter des haïtiens d’entrer légalement sur le territoire américain.
» Je suis arrivé plusieurs fois au bureau à Delmas 31 vendredi dernier. Il était impossible pour moi d’accéder au local. Alors que c’est moi qui doit recevoir les demandeurs. J’ai passé plus de 30 minutes devant la barrière, la foule est tellement immense, je n’ai pas pu entrer. D’autres employés ont fait face à la même situation alors que sans nous il n’y aura pas de travail », se désole cet agent de l’immigration qui s’est confié à nous le samedi 4 février dans les locaux du CRLDI de Delmas en ajouant:
» Donc après les péripéties pour rentrer dans les locaux, vient maintenant l’accès au bureau. Vous avez à vous battre pour entrer et cela rend plus difficile le service et moins la quantité de personnes qui devrait être servie par jour. Mais les frères haïtiens ne comprennent pas le sacrifice. Il vous traite de voleur sans avoir aucune information à votre sujet ».
» En vendredi l’espace a été gazé par des agents de la police. Ces derniers n’étaient pas affectés à la sécurité de l’espace. Certains sont entrés avec plusieurs personnes pour imposer aux agents de servir ceux qui l’accompagnent. Et vous ne pouvez pas dire le contraire. Certains vont jusqu’à pointer leurs armes sur des agents. Et vous penser que l’on peut continuer à travailler dans un tel climat », s’interroge l’employé de l’Immigration.
Un arrêt de travail à Delmas 31
Et pour cracher leur colère face aux mauvais traitement dont ils sont l’objet de la part des demandeurs de passport à Delmas 31, les employés ont observé un arrêt de travail ce samedi. Ce jour qui est dédié aux enfants par la Direction de l’Immigration et de l’Émigration. Les plusieurs centaines d’enfants qui étaient accompagnés de leurs parents ont dû rebrousser chemin et attendre le week-end prochain.
» Depuis ce flux de demande on travaille tous les jours. Le samedi est dédié aux enfants et le dimanche aux agents de l’Immigration. C’est ce qu’avait décidé la Direction de l’Immigration. Mais nous observons un arrêt de travail pour exiger de meilleures conditions de travail », a expliqué notre contact.
Malgré les appels et supplications lancées par les parents présents, les agents ne se font pas prier. Et la Direction de l’immigration n’a pas encore réagi face à cette situation où tout est au point mort durant le Week end au Centre de Delmas 31.
Et la menace plane sur la semaine prochaine où les employés peuvent ne pas reprendre travail si les conditions de sécurité exigées ne sont satisfaites.
Toujours pas de centre pour les policiers en attente
En annonçant l’ouverture des nouveaux centres, la Direction de l’immigration avait aussi annoncé un Centre pour les policiers. Celui-ci devrait avoir son siège au niveau du local de la base de l’UDMO au Champs-de-Mars. Questionné à ce sujet, un policier rencontré au CRLDI de Delmas parle d’un centre non encore opérationnel.
» Vous pensez que s’il y avait un centre pour les policiers je viendrais perdre du temps ici? », a reagi un policier en uniforme avec sa fille à ses côtés.
Et selon nos informations, le centre annoncé pour les policiers au Champs-de- Mars se fait attendre.
Qui sait si les policiers avaient un centre pour eux et leurs proches, cela n’aiderait pas à éviter ce problème rencontré à Delmas 31 et d’autres centres du pays?