Haïti: l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, la preuve d’un système judiciaire moribond
Ce 7 juin 2022 fait exactement 11 mois depuis que l’ancien président Jovenel Moïse ait été assassiné, dans sa résidence privé à Pèlerin5. Et depuis, les juges d’instructions passent à la file indienne. 5 en onze mois, mais aucune avancée. La justice haïtienne n’arrive toujours pas à éclaircir le dossier pour lequel, la population veut avoir des explications.

Le magistrat Matthieu Chanlatte est le premier juge désigné en vue d’instruire l’affaire relative à l’assassinat de Jovenel Moïse. Il s’est déporté du dossier vue que les moyens nécessaires n’ont pas été mis à sa disposition.
« J’ai décidé de ne pas instruire le dossier parce que je ne dispose pas de moyens, principalement un dispositif de sécurité personnelle et pour ma famille », avait-il fait savoir pour justifier sa décision de remettre l’affaire.
Le 23 août 2021, le ministre de la justice et de la sécurité publique d’alors Me Rockefeller Vincent indique que le juge Garry Orelien est désigné pour faire le travail pour lequel Matthieu Chanlatte n’avait pas trouvé moyens nécessaires mais confie que des moyens seront donnés à ce nouveau juge.
« Le MJSP a mis à la disposition du Juge d’instruction Garry Orélien tous les moyens nécessaires à la bonne conduite du dossier de l’assassinat du Président Jovenel MOÏSE. Que ceci soit clair : Tous les efforts seront déployés pour arrêter tout individu impliqué dans ce crime », avait avancé l’ex ministre de la justice.
Garry Orélien n’avait pas terminé son travail pour des accusations de corruption. Lorsqu’il avait sollicité du temps de plus pour finaliser son instruction, le Doyen Bernard Saint-Vil ne lui avait pas accordé le temps demandé et a mis le cap sur un 3ème juge. Chavanne Étienne tout comme Merlan Belabre le quatrième juge n’aura pas fait non plus long feu. Leurs exigences n’ont pas été prises en considérations.
Me. Walther Wesser Voltaire planche de salut
Le manque de volonté ou manque de moyens, les justificatifs sont nombreux mais plus d’un est clair que le dossier de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse est comme une patate chaude. Cependant, le nouveau juge en charge du dossier Me Whalter Wesser Voltaire n’a pas pourtant fait réagir la population.
Pas trop connu du grand public, le nouveau titulaire du dossier a été désigné officiellement le 30 mai dernier pour instruire l’enquête.
Depuis sa désignation, on n’a pas entendu grand chose, peut-être dirait-il que l’enquête est secrète.
La population ne croit pas dans le système judiciaire haïtien
Simples citoyens comme ceux qui sont avisés ne croient pas dans la justice haïtienne. Au Champ de Mars, nous avions posé la question à des citoyens.
» Il n’y a pas de justice en Haïti. Ce que nous avons en Haïti peut-avoir tout autre nom sauf justice. D’abord si vous regardez les conditions dans lesquelles fonctionnent les tribunaux vous pourrez vous faire une idée. Et sans aller trop loin, on peut visiter le palais de justice de Port-au-Prince », a fait remarquer Etienne étudiant en Droit.
Pour sa part, Daniel Exantus explique que la justice haïtienne est un vaste mouvement de corruption. » Une justice qui libère des kidnappeurs, des violeurs contre de l’argent n’est pas une justice. La première chose qu’on devrait avoir dans un système judiciaire ce sont juges honnêtes. Si les juges ne sont pas honnêtes on ne saurait avoir une justice équilibrée », souligne t-il.
Comme dans le cas du dossier de l’assassinat du bâtonnier Monferrier Dorval, les massacres de La Saline et de Bel Air entre autres, onze mois après, la justice haïtienne reste encore muette sur le dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse. Des proches de l’ancien président continuent de réclamer justice à cor et à cri. Des arrestations en Haïti comme à l’étranger mais rien n’avance. Ainsi se demande plus d’un à quand la fin de l’impunité dans le pays?