Haïti-Société: » après mon stage, pour être embauchée, le patron m’a invité à sortir avec lui », raconte Nadine
La bataille pour l’égalité homme/femme en Haïti se poursuit. Mais pour que les femmes puissent se faire une place au soleil, assez souvent elles font face à un dilemme. Elles doivent parfois offrir leur corps même si elles sont qualifiées. Souvent critiquée par les organisations dites féministes, cette pratique demeure. Et Nadine, une jeune journaliste vient d’en faire l’expérience. Elle revient sur cette tranche d’histoire.

« C’était en mai 2021. J’ai rencontré le personnage via les réseaux sociaux. Il dirige une station de radio dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Je lui ai demandé si je peux déposer un CV. Je n’avais pas encore prix mon diplôme à l’École de Journaliste. Je déployais les efforts pour le prendre et remettre le CV au responsable. Après une évaluation que j’ai réussie, on me propose un stage pour une durée de deux mois », a expliqué d’entrée de jeu la jeune fille de 25 ans.
« Après la période probatoire, on m’a remis un certificat de stage que le directeur de la salle des nouvelles a lui même signé. Mais plus d’une semaine après, on ne m’a rien dit. Je suis restée chez moi en attendant qu’on m’appelle pour être embauchée. Et un bon matin le propriétaire de la station m’appelle et me demande de passer à son bureau. Et de là, je vois ouvrir le ciel devant moi car tout mon rêve c’est de me spécialiser en présentation radio-télé », a t-elle ajouté.
« Arrivant au Bureau du responsable, elle me félicite non pas pour le stage que j’ai réussi mais parce que je suis une charmante fille. J’ai une belle bouche et qu’il apprécie ma forme. Puisque ce n’était encore mon sujet, je ne dis rien. Il continue avec les mêmes conneries pour lesquelles je me sentais vraiment embarrassée », raconte-elle.
» Et soudain, il rebondit sur le sujet pour lequel je croyais avoir été appelée. Et là il m’a qu’il me félicite mais il y a une façon que cela se fait ici. Les journalistes doivent être cool avec leur patron. Celles qui fonctionnent avec moi sont très très sympathiques. Mais je ne dis rien puisque je comprenais le sens de son discours », avance t-elle.
Une proposition indécente avant de commencer à travailler
« Tu sais Nadine, tu vas commencer à travailler ce lundi mais je dois te rencontrer pour discuter un peu plus, mais lors d’un tête à tête dans un hôtel à Pétion-Ville en compagnie d’autres responsables, a t-il prose, révèle Nadine qui poursuit:
« Toujours naïve. Je lui dis sans problème. Le jour de la rencontre il n’y a que lui et moi. Il m’a offert à manger. J’ai mangé. Alors qu’on mangeait, il m’a dit qu’il m’aime et rêve de coucher avec moi. Surprise, je n’ai pas pipé mots. Et là, il me rappelle qe la station fonctionne avec les filles cool. Je me suis levée gentiment de la table. Je prends mes effets et laisse sans lui dire au-revoir », fait-elle savoir.
Nadine qui partage cette expérience avec nous, précise qu’elle travaille depuis quelques mois dans une autre station qui lui donne la possibilité de mettre en application ce qu’elle a appris sur les bancs de l’ école de communication.
Issue d’une famille modeste dans la commune de Delmas, Nadine croit qu’il n’est pas nécessaire pour une jeune fille qui a de la compétence de livrer son corps à un patron pour qu’il puisse lui donner du travail.
Se coucher pour avoir un job, une pratique toujours en vogue en Haïti. L’administration publique haïtienne est remplie de gens qui se lancent au quotidien dans cette pratique où ils profitent de la situation de précarité des gens pour passer leur avidité sexuelle.
Cependant, Nadine précise qu’elle n’avait pas cédé à la demande de son potentiel patron, elle souligne par ailleurs que plusieurs de ses amies ont été victimes de cette pratique.