Toutes les conditions sont réunies pour une explosion sociale dans le pays, c'est du moins ce que pensent des acteurs de la société. Un pays où les citoyens sont privés de tout, ou rien ne marche plus, il ne reste que l'étincelle du feu pour que le pays soit embrasé, analysent certains citoyens.

D'abord avec un climat d'insécurité touchant toutes les couches sociales et le kidnapping comme corollaire qui ne cesse d'appauvrir les élément de la classe moyenne en leur exigeant de fortes somme d'argent. Le pays ne peut non plus compter le nombre de cadavres de personnes victimes du climat d'insécurité qui frappe de plein fouet la société et qui s'est dégénéré ces derniers jours avec les cas de Martissant et Croix-des-Bouquets.
Ensuite, la misère, le chômage, la pauvreté et la cherté de la vie touchent les familles haïtiennes. Environ 4,3 millions d'Haïtiens étaient en situation d'insécurité alimentaire aiguë, dont 1,3 million en situation d'urgence en 2021 et en 2022 ce nombre a atteint 4,6 millions en mars 2022.
Ajouté à cette situation la cherté de la vie résultant d'une inflation qui frôle les 30%. Et conséquemment, les petites bourses sont aux abois et ne savent à quel saint se vouer.
Des organisations de la société civile redoutent une explosion sociale
Des organisations de la Société Civile dans une note conjointe, avaient déjà lancé la mise en garde contre une possible explosion sociale dans le pays.
"Depuis plus de deux ans la société haïtienne est confrontée à une crise multidimensionelle dûe à un ensemble de facteurs clés découlant de la négligence et l'insouciance de l'État et la passivité et/ la méchanceté des élites qui se font complices d'un État moribond qui ne fait rien pour redresser la barque de ce pays à la dérive. La misère, le chômage, les cas de vols et de viols en série, la guerre des gangs armés pour le contrôle du territoire, le kidnapping, le doute et le désarroi constituent le quotidien du peuple haïtien", pouvait-on lire dans cette note.
Un peuple pris en otage sous ses toits ne sachant de quel bois faire flèche tellement la situation est difficile. Mais de tout cela, l'insécurité généralisée qui bat son plein dans le pays demeure le spectre qui hante le sommeil de tous les citoyens. À Port-au-Prince, presque chaque zone à son gang et presque tous ces gangs sont en guerre. La capitale du pays est assiégée", mais de tels discours ne sont toujours pas suffisants pour porter les décideurs à prendre les mesures qui s'imposent pour éviter au pays le pire.
La situation vue dans une dimension sociologique
L'Anthropo Sociologue Jenmecy Timace, à ce stade de la crise haïtienne analyse à la loupe ce qui reste pour arriver à cet éclatement social qui se profile à l'horizon. Selon lui, le peuple haïtien est toujours traversé par le problème de la conscience sociale.
"Ce qui veut dire, en dépit du fait que la situation est on ne peut plus grave, il est toujours difficile de se mettre ensemble pour dire non, c'est assez", explique t-il.
"En plus de cette crise de conscience sociale, les acteurs que nous avons sur l'échiquier politique n'inspire pas confiance. Donc, la population ne croient pas en eux. S'il avait même un homme capable de dire en avant, qui inspire confiance avec son discours, cet homme pourrait aider à chambarder la situation", ajoute l'ancien étudiant de la faculté d'Ethnologie.
Ainsi, pense t-il que si la population n'arrive pas à trouver ce leader capable de lui porter à chambarder le sytème d'exclusion mise en place depuis des années, il finira pas le faire à lui seul.
Une réflexion qui n'est pas différente par rapport à celle du professeur Elionor Louis qui, lui aussi s'est posé la question sur ce qui empêche encore une explosion sociale dans le pays.
Ainsi, plus d'un pense que l'État et ceux qui détiennent les richesses du pays ont pour devoir d'empêcher que cette situation arrive en faisant une redistribution des richesses. Si tel n'est pas le cas, l'explosion est pour bientôt, redoutent-ils.