Internationale : L’armée du Burkina Faso prend le pouvoir lors d’un coup d’État, arrête le président et dissout le gouvernement
Ouagadougou, Burkina Faso, L’armée burkinabé a déclaré avoir pris le contrôle du pays ce lundi, renversant le président Roch Kaboré, dissolvant le gouvernement et le parlement, suspendant la constitution et fermant ses frontières.

Le coup d’État a été annoncé à la télévision d’État par le capitaine Sidsore Kader Ouedraogo, qui a déclaré que l’armée avait pris le pouvoir en réponse à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans le pays et à l’incapacité du gouvernement à unir la population.
Assis à ses côtés, vêtu d’un treillis militaire et d’un béret rouge, se trouvait le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, un officier supérieur de l’armée qui a été présenté au peuple burkinabé comme son nouveau chef. Paul-Henri Damiba a été promu en décembre par Kaboré au poste de commandant de la troisième région militaire du pays, qui est responsable de la sécurité dans la capitale Ouagadougou. Il a étudié dans une académie militaire à Paris et a récemment écrit un livre intitulé « Armées ouest-africaines et terrorisme : réponses incertaines ? »
Il n’y avait aucune mention faite dans la déclaration télévisée sur l’endroit où se trouvait Kaboré. Le président n’a pas été vu en public depuis que des combats ont éclaté dimanche autour du palais présidentiel à Ouagadougou. L’un des putschistes a déclaré que Kaboré avait été arrêté tôt lundi par des soldats qui avaient pris le contrôle d’une base militaire avant de prendre d’assaut le parc du palais et de tirer des coups de feu près de la maison du président. La même source a indiqué que Kaboré a signé sa démission et est détenu dans un lieu sûr dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Mais l’emplacement exact de Rock Kaboré reste inconnu, lundi après-midi, un message a été posté depuis son compte Twitter demandant aux personnes impliquées dans l’insurrection de baisser les bras.
« Notre nation traverse des moments difficiles », disait le tweet. « Nous devons en ce moment précis, préserver nos acquis démocratiques. J’invite ceux qui ont pris les armes à les baisser dans l’intérêt supérieur de la nation. C’est par le dialogue et l’écoute que nous devons résoudre nos contradictions. »
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, est préoccupé par le sort du président Rock Kaboré et suit de près les développements au Burkina Faso, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué lundi.
Des plans pour le coup d’État militaire sont en cours depuis août, éclos dans des applications de messagerie cryptées et d’innombrables réunions secrètes tenues à l’extérieur de la capitale, a déclaré l’un des putschistes , ajoutant que les soldats étaient en colère contre la gestion par le gouvernement des attaques djihadistes dans le pays, et croient que le Burkina Faso est mieux sous le régime militaire en ce moment.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a publié lundi sur Facebook une déclaration indiquant qu’elle surveillait avec une grande inquiétude la situation politique et sécuritaire au Burkina Faso, à la suite d’une tentative de coup d’État. La CEDEAO a exigé que les militaires retournent dans les casernes, maintiennent une situation républicaine et privilégient le dialogue avec les autorités pour résoudre les problèmes , ajoutant qu’elle tenait les militaires pour responsables du bien-être de Rock Kaboré.
À rappeler que le Burkina Faso a été ravagé par des violences liées à l’État islamique et à Al-Qaïda qui ont tué des milliers de personnes et déplacé 1,5 million de personnes, selon le HCR. L’armée a été durement touchée; le mois dernier, au moins 50 membres des forces de sécurité ont été tués au Sahel.
Robinson JEROME