Depuis quelques temps, la zone de Martissant est devenue une repaire pour les hommes armés. La présence policière est quasiment bannie sur ce tronçon étant révélée impuissante face à l’assaut de ces troupes qui obligent même les résidents de cette zone à fuir leurs maisons. Malgré les diverses annonces faites par l’ancien chef du gouvernement à l’époque, Claude Joseph, accompagné de l’ex DG de la PNH, Léon Charles, lors d’une visite des lieux effectuée à martissant, invitant les citoyens à retourner au bercail, rien a été pourtant mis en place. Les bandits ont sans la moindre inquiétude, défié les dires de ces derniers, en poursuivant leur carnage.

Transformer en champs de guerre, l’entrée sud de la capitale haïtienne est de moins en moins fréquenté. Sous les yeux des autorités de l’État, les hommes armés se livrent dans une bataille pour le contrôle de territoire. Ce qui paralyse complètement la circulation des véhicules sur ce tronçon, seuls les intrépides, pour s’y rendre d’un bout à l’autre s’exposent sur la scène du grand Théâtre National, communément appelé, VAR. Pour éviter de courir des risques, ayez le courage de grimper à pieds la route de St-Jude en passant par Savane Pistache, l’ancienne forteresse du défunt chef de gang, Ti Je ainsi connu.
Carrefour Feuille, Savane Pistache, Fort-Mercredi, Décahette, «Nan Kajou», Tibwa, sont la diversité des points souillés pour éviter de se faire mouiller sous les pluies de balles à Martissant où les troupes de Ti Bois s’opposent aux groupes Gran Ravin et Village de Dieu.
Dans un premier temps, le long route de St-Jude était l’unique tronçon à parcourir, c’est ce qui rendait selon les citoyens, plus long et plus coûteux la course. À présent, il est plus apte à faire le découpage en empruntant le pic de Décahette, passant par Nan Kajou, une route tracée à main nue par plusieurs jeunes garçons vivants dans la zone, sous la responsabilité d’un chef de clan très populaire. Ces derniers au jour le jour continuent de creuser en vue de rendre plus pratiquables le passage pour les usagers.
« Cette route, est une initiative prise par les jeunes vivant dans la zone qui se croient aussi concernés par la situation à Martissant. Grâce au support des passants nous arrivons à répondre à quelques besoins, dont l’achat des matériels. Nous creusons pour le passage des motards, pour les voitures nous n’avons cet ordre venant de notre supérieur. Cette tracée mène directement sur la route de fort Mercredi », a relaté l’un des responsables du « Konbit », qui refusait de divulguer le nom de son supérieur.
Soulignons également selon une représentante d’une organisation de la zone, plusieurs proches, voisins sont victimes à Martissant. De ce fait, ils se sont concertés pour tracer ce passage. En outre, elle exhorte l’État à prendre des mesures coercitives pour répondre à cette situation déplorable qui sévit à Martissant.
La sécurité des gens est aussi assurée. «Sans aucune inquiétude, vous pouvez emprunter cette route à n’importe quelle heure, personne n’est terrorisée » a rassuré un jeune garçon accompagné de plusieurs de ses compagnons. Il souligne que les hommes de Gran Ravin avaient l'habitude de créer le trouble sur cet axe il y a longtemps.
En dépit de leur calvaire, certains préfèrent joguer pendant environ 45 minutes les pics de Décahette. Ils s’en passent même de l’existence de l’État. «Je suis paysanne, j’ai pas la boule de marcher pendant des heures. Pas besoin de me parler de l’existence de Martissant ou les autorités. L’État n’existe pas. », a lancé une religieuse qui s’embarque dans une camionnette stationnée au point de la route menant à Décahette, exerçant le circuit Portail/Savanne Pistache.
«Je ne crois pas aux paroles des bandits qui annoncent de trêve. Rien n'est prévisible, je ne vais pas risquer ma vie là-bas. » a déclaré cette commerçante, qui croit que la délivrance de cette nation passe par le Dieu vivant.
50 gourdes est le coût de ce circuit en camionnette, 250 gourdes ou plus à moto. Pour certains automobilistes, la route est rocheuse, ce qui complique la tâche aux chauffeurs. «Je suis chauffeur du circuit carrefour feuille-portail. La situation m’interpelle également, je porte main forte à mes compatriotes. De plus, la route rocheuse ne nous est pas avantageux, ça complique nos dépenses».
D’autres ne font que lancer des propos injurieux, à l’encontre des autorités tout en lamentant. Si pour quelques-uns, ce n’est qu’un rien, pour d’autres c’est déficitaire. Avec leur maigre revenu, ils ne pourront souiller cet axe quotidiennement.
Jusqu’à date, ils purgent encore cette peine, puisque la situation reste encore tendue à Martissant. Les parages du théâtre sont en plein concert. Des centaines de riverains ont isolé cette zone qui devient de nos jours le bastion de sang de cette république. Plusieurs personnes ont été tuées par balles. Récemment, un bus de transport en commun a été criblé de balles, au moment où le chauffeur tentait de traverser cette vallée, plusieurs morts ont été enregistrés. Polinice Guy, un syndicaliste a été tué également sur cette route le 24 décembre dernier.
Quand reverrons nous une vie normale sur le long de la porte d'entrée sud de la capitale haïtienne ?