Les personnes qui subissent davantage des effets du conflit diplomatique qui règne actuellement entre Haïti et la République Dominicaine demeurent les ressortissants haïtiens en terre voisine. Alors que ces derniers faisaient face, d’habitude, aux agressions des Dominicains à tendance raciste, cette situation a complètement dégénéré depuis que le Président Luis Abinader a pris certaines mesures restrictives pour contrecarrer les travaux de construction du canal sur la rivière Massacre à Ouanaminthe.
Katianna St Fort, une ressortissante haïtienne, qui vit actuellement en République Dominicaine, n’a pas manqué l’occasion de revenir sur les actes d’agressions qu’elle avait subi aux mains des agents de l’immigration dominicaine qui l’avaient par la suite expulsée de leur territoire alors que sa fille, d’autres proches et tout ce qu’elle possède étaient restés dans le pays. Ce qui l’avait contraint de retraverser la frontière.
“Nous étions quatre, ce jour-là [vendredi 13 octobre 2023 ], à avoir été capturé par les agents de l’immigration. Ils m’ont brutalement intercepté et m’ont jeté à bord de leur véhicule. Une fois arrivés à destination, ils nous ont enfermé durant quatre jours dans une chambre inconfortable , ils ont tentés de me violé , j'ai résisté et ils m'ont battue avant de m’expulser de leur pays ”, a-t-elle témoigné.
Dans le peu de temps qu’elle reside en République voisine, dans la ville de Santiago, Katianna St Fort subit déjà des agressions, alors qu’elle a en sa possession son visa immigrant. Au moment où les hommes de l’immigration du pays allèrent l’arrêter, elle s’était défendue en gesticulant car elle ne parle pas encore l’espagnol. Une manière pour elle de les indiquer qu’elle est en situation régulière dans le pays. Ce dont les agents n’ont même pas tenter de vérifier avant de l’emmener.
“Ils ont emmener tous ceux qui étaient auprès de moi au niveau de la rue K pour ceux qui connaissent bien le pays. Même en chemin, ils continuaient à ramasser d’autres Haïtiens, les entassant tous dans le véhicule qui nous emmenait dans ce qui paraît être une prison”, a précisé Katianna St Fort.
Cependant, la jeune femme, mère d’une adolescente qui vit aussi en RD, a aussi souligné qu’au deuxième jour de son incarcération, les agents dominicains l’avaient, elle et une autre, transferées dans une autre chambre où deux d’entre eux ont tenté de la violer.
“Ils faisaient des manoeuvres dans le but de me maîtriser pendant que je me débattais pour éviter d’être agressée sexuellement par ces individus. Trouvant que toute tentative était vouée à l’échec, ils m’ont battue”, a lâché Katianna qui souffre toujours des douleurs que les coups reçus lui ont laissé.
“Mon sein gauche, mes côtes, mon genou droit, tous me font mal actuellement car mes agresseurs ne s’étaient pas retenus. Souffrant horriblement, j’ai dû me rendre à l’hôpital pour recevoir des calmants” a-t-elle poursuivi.
Depuis le début de la crise diplomatique entre les deux pays qui partagent l’île d’Haïti, des ressortissants haïtiens ne cessent d’être victimes d’agressions sexuelles et autres de la part de certains Dominicains animés d’une certaine haine à l’endroit des habitants de l’autre partie de l’île. Les cas où des jeunes hommes et femmes [pour la plupart] sont violentés en RD sont légions et indiquent à quel point ces derniers vivent quotidiennement dans la crainte. Ce qu’ils vivent les autorités haïtiennes ne semblent pas le savoir car aucune disposition n’est prise pour leur permettre de vivre tranquillement de l’autre côté de la frontière.