Au lendemain de la publication de la note du MJSP rappelant la population qu’elle a un devoir de résistance et que la dénonciation de criminels relève du devoir civique, Me Samuel Madistin, responsable du FJKL n'a pas hésité pour la traiter de "démagogie".
Dans ce contexte marqué par l'insécurité généralisée où des résidents de divers quartiers, contraints d'abandonner leurs domiciles, courent dans tous les sens sous les menaces des bandits lourdement armés, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) n'a d'autres réactions que de rappeler ceux-ci leur devoir de résistance face aux assauts des gangs qui sévissent un peu partout dans le pays. Intervenant à la Radio Télévision Métropole, mercredi 23 Août 2023, Me Samuel Madistin, responsable du FJKL, ne s'est pas fait prier pour critiquer sévèrement cette réaction.
Un gouvernement dépassé par les événements
D'après M. Madistin, les autorités se sont fourvoyés complètement après la publication de cette note. Elles n'ont rien annoncé qui pourrait aider, de manière concrète, la population à gagner en confiance et ainsi montrer qu'elles ont un minimum de maîtrise de la situation.
"Le gouvernement n'a pas annoncé des mesures prises pour la réouverture des commissariats dans plusieurs localités de la région métropolitaine, là où ces derniers ont été fermés par des bandits armés ; il n'a pas non plus annoncé des mesures pour permettre aux déplacés de regagner leurs domiciles et vaquer en toute quiétude à leurs occupations ; il n'a pas annoncé des mesures d'accompagnement à ces derniers." a-t-il déploré.
Alors que le MJSP a indiqué dans sa note que la PNH a reçu l’ordre d’intervenir de façon décisive partout pour protéger la population qui ne devrait en aucune manière abandonner ses lieux de vie aux bandits, Me Madistin en a profité pour répliquer qualifiant la note de « démagogie » tout en dressant un tableau sombre de la situation sécuritaire actuelle du pays.
La population ne peut pas substituer les services de renseignement de la PNH
Si dans sa note, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique invite la population à soutenir la PNH en lui fournissant des informations utiles pour combattre les gangs, le responsable du FJKL a questionné sur le rôle des services de renseignement de l'institution policière.
"Où est passé les services de renseignement de la PNH ? La Police ne sait pas où se trouvent les bandits ? Elle ne sait pas que Izo se loge au Village de Dieu ? Que Ti Lapli est à Grand Ravine ? La Police ne sait pas où trouver Lanmò San Jou ? Vitelhomme Innocent ? C'est la population qui doit donner à l'institution ces informations ?" a lâché, offusqué, le militant en faveur des droits de l'homme.
Parallèlement, il a souligné que si le gouvernement pourrait demander à la population haïtienne de collaborer, s'il avait pris des dispositions pour renforcer les FAD'H à travers le recrutement de soldats et la formation de ces derniers.
"Aucune initiative n'a été prise. Les services de renseignement de la Police Nationale ne sont pas renforcés. Des policiers laissent en masse le pays alors qu'aucun recrutement n'est fait. Comment peut-il demander à la population de collaborer ?" a-t-il soutenu.
La force multinationale ne résoudra pas le problème de sécurité
Par ailleurs, bien qu'il croit que le pays a franchi le seuil de l'obligation d'ingérence afin de protéger les droits humains, Me Madistin a fait savoir que la force multinationale qui pourrait intervenir dans le pays ne viendra pas résoudre le problème sécuritaire qui persiste.
"La MINUSTAH avait passé 16 ans dans le pays afin de le stabiliser. Elle l'a déstabilisé contrairement. La force multinationale ne viendra résoudre aucun problème pour les haïtiens qui habitent le pays. Nous devons être clairs là-dessus. Cette dernière pourrait simplement protéger les grands axes routiers, les bâtiments publics, etc." a-t-il dit.
Alors que la population haïtienne fait face quotidiennement aux violences des gangs armés qui assiègent la totalité des quartiers de la région métropolitaine, alors que des citoyens, chassés de chez eux, courent les rues, dorment sur des places publiques, et chassés encore une fois par les forces de l'ordre ; le gouvernement n'a nulle autre option que de rappeler cette même population qu'elle a un devoir de résistance face à des bandits lourdement armés.