Francilien Bien Aimé, un fils de Limonade, commune du département du Nord, annonce pour le mercredi 30 mars prochain, la soutenance de sa thèse pour l'obtention du grade de docteur en Science Politique à l’Université de Bordeaux en France. Ses travaux de thèse sont intitulés :
« Une politique de décentralisation empêchée en Haïti : analyse des résistances et conflits entre l’État et les collectivités locales », réalisés sous la direction de Madame Marion PAOLETTI, HDR en Science Politique et Professeure des Universités, Université de Bordeaux.

Nous vous proposons un Résumé de la thèse!
Cette thèse propose d’étudier la décentralisation en Haïti, formellement inscrite comme modèle de gouvernance dans la Constitution post duvaliérienne de 1987. Cependant, au regard de la réalité observée au cours de cette thèse et compte tenu de l’analyse réalisée à partir des sources écrites diverses et d’un matériau d’enquête composé d’entretiens semi-directifs, la décentralisation n’est pas mise en œuvre en Haïti.
De ce fait, cette recherche doctorale s’intéresse particulièrement à la problématique d’appropriation et du blocage du modèle de décentralisation en Haïti. En d’autres termes, l’intérêt est d’étudier la non mise œuvre de la décentralisation elle-même. Pour ce faire, ce travail de recherche met en perspective les rapports mitigés, tant verticaux qu’horizontaux, entre l’État haïtien et les collectivités locales, entre celles-ci et les autres acteurs concernés et intervenant dans le processus de décentralisation.
Pour mieux appréhender l’inopérationnalisation de la décentralisation, ce travail cherche à analyser les fondements, à l’aune de l’histoire de l’État haïtien en mettant en perspective, des considérations contemporaines, les raisons du blocage de ce chantier. Pour cela, nous proposons de répondre à trois questions principales. Tout d’abord, qu’est-ce qui explique l’empêchement ou le blocage de la décentralisation en Haïti, malgré les affirmations décentralisatrices de la Constitution de 1987 ? Ensuite, cet empêchement est-il dû à des raisons financières, économiques, politiques, culturelles, historiques ou toutes en ensemble ?
Finalement, dans un rapport socio-politique, pouvons-nous imputer le blocage de la décentralisation aux acteurs locaux et nationaux haïtiens uniquement ou, faut-il, au contraire, analyser cette problématique tout en tenant compte des responsabilités des acteurs internationaux intervenant en Haïti dans l’échec de ce processus ?
Pour répondre à ces questions, nous défendons deux hypothèses principales. D’une part, l’accaparement des ressources et la concentration de pouvoir par l’État haïtien aux dépens des collectivités locales dans le cadre de la décentralisation, sont dus à une longue tradition historique. D’autre part, le blocage de la décentralisation dérive de la captation et domination historiques de l’État et l’exclusion des masses paysannes et urbaines par les élites dominantes, créant ainsi des conflits entre les acteurs de tous les niveaux du système décentralisé haïtien.
En conclusion, nous montrons qu’au-delà des considérations politiques économiques, financières et culturelles, la structuration historique de l’État haïtien et les comportements des élites dominantes ont toujours été défavorables au partage de pouvoir et de la richesse avec des entités décentralisées qui leurs sont concurrentes, autonomes et ou indépendantes, raisons pour lesquelles l’État semble être contre la décentralisation.
Brève présentation de Francilien BIEN AIME!
Né à Limonade (Nord d’Haïti), Francilien BIEN AIME a fait ses études secondaires au Lycée national Philippe Guerrier de Cap-Haitien (LNPG). Entre 2007 et 2011, il a réalisé ses études de licence en Gouvernance locale à l’Université publique du Nord au Cap-Haitien (UPNCH). À ce titre, le doctorant est un ancien étudiant de la première promotion de ladite université.
Après avoir obtenu son diplôme de licence en Haïti, Francilien BIEN AIME est entré en France pour réaliser des études de Master (M2) en Droit, Économie et Gestion avec une spécialité en Politiques sociales à l’université d’Avignon. Au bout de ce parcours, il a intégré l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux (Sciences Po Bordeaux) où il va obtenir, d’ici quelques jours, le grade de Docteur en Science Politique de l’Université de Bordeaux.
Autre que ce long parcours académique, Francilien BIEN AIME a aussi offert ses services à plusieurs institutions publiques et privées, tant en Haïti qu’à l’étranger, en France notamment.
Par exemple, il a travaillé au Conseil national des Télécommunications (CONATEL), entre 2008 et 2012. Il a aussi dispensé des cours d’Introduction à la Science Politique en 2017 et 2018 à l’UPNCH. Il a également dirigé le Master en Économie et gestion des collectivités territoriales (MEGCT) de l’UPNCH, entre 2018 et 2019.
Francilien BIEN AIME est un passionné du savoir. Il s’intéresse beaucoup à l’histoire de son pays. Il s’ouvre, par contre, au reste du monde, ce qui fait de lui non seulement un patriote engagé dans la redéfinition d’un nouvel itinéraire pour l’avenir socio-politique et économique d’Haïti, mais également dans la promotion d’un monde meilleur où chaque citoyen est un acteur fabricant son propre avenir et influant sur celui de son territoire d’encrage.
Avec cette thèse de doctorat en Science Politique, portant sur la décentralisation, Francilien BIEN AIME sera consacré spécialiste de l’État en Haïti. Après sa soutenance, il continuera à s’engager dans la promotion de la science et dans la vulgarisation du savoir, à travers ses écrits et ses engagements personnels et collectifs.
Liens utiles :
- http://www.theses.fr/s202951 https://durkheim.u-bordeaux.fr/Agenda/soutenance-de-these-Francilien-Bien-Aime