Cela fait 11 mois depuis que les gangs prennent en otage la troisième circonscription de Port-au-Prince. Ils tuent, pillent, kidnappent devant le plus grand silence de ceux qui sont placés pour mettre de l'ordre dans le pays. Et conséquemment, des jeunes habitant à Carrefour et dans les différents banlieues Sud de Port-au-Prince sont aux abois. Étudiant en médecine à l'Université Notre d'Haïti, Ricardo Steve Charles fait partie de ce groupe. Il fait part de son calvaire.

"En première année, cela remonte à 2018, pour aller à la faculté, je prenais un bus pour 20 gourdes de Carrefour au Centre de Ville de Port-au-Prince. De Portail Léogâne étant, je prends une motocyclette pour 50 gourdes en vue d'atteindre la Faculté. Je pouvais participer à tous les cours et à toutes les heures qu'ils étaient fixés", se souvient Ricardo Steve Charles.
Depuis la guerre des gangs à Martissant, tout a chamboulé, raconte l'étudiant en médecine.
« Aujourd'hui, il me faut 500 gourdes seulement pour payer le transport. On ne peut plus passer par la voie normale, on doit passer par la Montagne de Saint Jude qui représente un véritable supplice».
La route de Saint Jude un enfer sur terre pour Ricardo Steve Charles
Comme tant d'autres personnes qui veulent éviter d'être victimes sur la route de Martissant, l'obligation est imposée à l'étudiant en Médecine de prendre cette route difficile pour atteindre sa faculté.
"De Fontamara 43, il me faut une motocyclette que je dois payer 100 gourdes pour atteindre le bas de Saint-Jude. Et là, je peux faire le choix de monter la montagne à pieds, une montagne tellement difficile avec de la poussière, de la fatigue et sans oublier les accidents. Et au sommet de la montagne, je dois prendre un bus pour 75 gourdes. Et avant de monter, je dois m'habiller à nouveau, me couvrir la tête et le visage pour me protéger contre la poussière", se lamente-t-il.
"Le bus me dépose au Centre-Ville de Port-au-Prince. Et là je dois prendre encore une autre motocyclette que je dois payer 100 gourdes pour atteindre la faculté, poursuit l'étudiant.